nature

Textures tannées

Les photos forestières seront bientôt plus nombreuses que les photos urbaines ici. C'est l'environnement qui veut ça, le changement d'air, le retour aux bois de mon enfance. Parmi les bons moments des balades d'antan, je me souviens avec délices des champignons des sous-bois, des lianes le long des troncs des frênes, de l'odeur de l'humus avant la pluie et du chant des oiseaux dans les ramures centenaires…

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Aujourd'hui j'ai paressé devant les écorces des vieux arbres, l'oeil rivé à l'objectif — pour parcourir un univers à part, qui se touche, se regarde et s'explore avec minutie, à la recherche des paysages les plus rêches, des déchirures profondes, des couleurs minérales ou des lichens lovecraftiens

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Le don de double vue

Bien souvent, je cherche à voir ce que je ne vois pas. Ma lubie de l'été, c'est d'explorer le monde avec des photos faites de doubles expositions, des surimpressions directement mixés par le boitier — des images que je ne regarde pas après la prise de vue, pour avoir la surprise du résultat une fois rentré.

J'y trouve un côté onirique, la nostalgie d'un instant superposé sur un autre, une approche un peu à la Picasso où l'on pourrait représenter en même temps plusieurs visions sur un même plan.

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Les arbres prennent une autre tournure et le moindre chemin deviendrait Fangorn, le ciel se peuple de chimères instantanées, les visages sont marqués aussi bien par le temps que l'espace et chaque ombre met à nu son côté obscur. Le kaleidoscope des formes et des couleurs m'hypnotise, la symbolique devient facile mais tellement rassurante. Je consomme sans modération, je ne sais pas où je vais ni ce qui en restera…

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Les premières expériences de l'été ont été concluantes, j'ai fini par obtenir un peu ce que je recherchais. Reste à travailler encore pour affiner tout ça. Les vacances sont un peu moroses, pour des raisons personnelles, mais elles ne sont pas terminées !
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La porte du Diable

En battant la campagne, en empruntant quelque petite route dans la forêt, on la trouve facilement, si l'on sait où chercher. Cette ruine curieuse, inattendue et dont l'agencement défie le sens commun. Une porte à meneau en bordure d'un bois, flanquée de deux murs et deux contreforts qui font encore leur office. Son calcaire gris-beige renvoie la lumière forte de l'été malgré les arbres et le lierre qui l'assaillent.

On cherche en vain un ensemble plus grand auquel elle aurait été intégrée. Mais rien. Au pied d'une colline un peu raide, ce n'est guère étonnant. Mais qu'est-ce que c'est ? Saint Google répond à mes prières et me nomme la belle incongrue : la porte du Diable. Ou plus prosaïquement la porte Bonnet.

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On trouve tout, et surtout n'importe quoi, dans les textes écrits à propos du lieu. Diables et dames blanches, illuminés et sectes, vandales et étudiants avinés, vidéos loufoques et photos sous toutes les coutures. Je reviendrai peut être un jour de brume faire quelques clichés d'ambiance plus douceâtre. En attendant je me suis assis près de cette porte et j'ai écouté le silence du paradis et le chant des oiseaux dans la forêt…
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Les feuilles aldines

Le vert est à l'ordre du jour, pour fêter l'apparition encore timide du soleil. Dans ce jardin familial courent de drôles plantes grimpantes. Elles ont l'air de lancer de petits tentacules dans le vide, aveuglément, pour saisir de quoi se hisser un peu plus haut. De temps à autre ça marche, visiblement, et la haie qui subit ce passager d'apparence délicate semble bientôt sur le point de suffoquer sous l'assaut de ses dizaines de congénères…

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En attendant, les courbes gracieuses semblent faites pour figurer des culs-de-lampe typographiques qui viennent ponctuer l'avancée imperceptible de cette liane miniature…
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Quatre cents siècles

Du haut de ces rochers, quatre cents siècles vous contemplent. C'est la phrase qui m'est venue en tête au moment où j'ai revu la Roche mythique de Solutré.

Elle n'a guère changé, si ce n'est qu'elle bénéficie maintenant d'un chemin bien plus confortable pour se promener. C'est presque dommage, tant sont nombreux les souvenirs d'enfance à crapahuter dans les rochers, ou, un peu moins loin dans le temps, les soirées d'escalade sur le piton et les nuits au feu de camp, à arpenter les chemins sinueux sous les taillis avec les copains…

Aujourd'hui, je l'ai photographiée un peu sous tous les angles. Mais ce n'est qu'au moment de partir que j'ai eu le déclic. Je me suis garé, je suis sorti de la voiture, et j'ai pris une unique photo. Ma préférée !

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L'air là-bas est plus léger, plus mystérieux que dans la vallée en bas, plus lumineux, plus tendre. Il y a quelque chose de la Comté dans ces vignes — ne me demandez pas pourquoi, alors qu'il n'est pas tellement question de vignobles au pays des Hobbits. Mais le silence de cette journée, le vert à perte de vue et le chant perdu des oiseaux m'ont transporté dans une ambiance délicate et riante, à la fois lourde de traditions et intemporelle au point d'en devenir rassurante.

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