2015
L'arbre dort
08 November 2015
L'été s'est terminé dans la tristesse. Ça ne peut pas toujours être rose : parfois c'est noir. L'automne est arrivé avec son soleil radieux, ses températures hors saison et ses couleurs rêveuses. Je n'ai pas tellement fait de photos ces dernières semaines. Mais je n'ai pas oublié mes fantaisies en surimpression. Alors à la faveur d'une fin d'après-midi familiale et lumineuse, j'ai remis le couvert sensible.


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Le don de double vue
16 August 2015
Bien souvent, je cherche à voir ce que je ne vois pas. Ma lubie de l'été, c'est d'explorer le monde avec des photos faites de doubles expositions, des surimpressions directement mixés par le boitier — des images que je ne regarde pas après la prise de vue, pour avoir la surprise du résultat une fois rentré.
J'y trouve un côté onirique, la nostalgie d'un instant superposé sur un autre, une approche un peu à la Picasso où l'on pourrait représenter en même temps plusieurs visions sur un même plan.

Les arbres prennent une autre tournure et le moindre chemin deviendrait Fangorn, le ciel se peuple de chimères instantanées, les visages sont marqués aussi bien par le temps que l'espace et chaque ombre met à nu son côté obscur. Le kaleidoscope des formes et des couleurs m'hypnotise, la symbolique devient facile mais tellement rassurante. Je consomme sans modération, je ne sais pas où je vais ni ce qui en restera…

Les premières expériences de l'été ont été concluantes, j'ai fini par obtenir un peu ce que je recherchais. Reste à travailler encore pour affiner tout ça. Les vacances sont un peu moroses, pour des raisons personnelles, mais elles ne sont pas terminées !
J'y trouve un côté onirique, la nostalgie d'un instant superposé sur un autre, une approche un peu à la Picasso où l'on pourrait représenter en même temps plusieurs visions sur un même plan.

Les arbres prennent une autre tournure et le moindre chemin deviendrait Fangorn, le ciel se peuple de chimères instantanées, les visages sont marqués aussi bien par le temps que l'espace et chaque ombre met à nu son côté obscur. Le kaleidoscope des formes et des couleurs m'hypnotise, la symbolique devient facile mais tellement rassurante. Je consomme sans modération, je ne sais pas où je vais ni ce qui en restera…

Les premières expériences de l'été ont été concluantes, j'ai fini par obtenir un peu ce que je recherchais. Reste à travailler encore pour affiner tout ça. Les vacances sont un peu moroses, pour des raisons personnelles, mais elles ne sont pas terminées !
Juste en face
12 August 2015
Comme le brocolis, à peine moins fractal. Comme la rose, mais pourpre. Comme les orties, sans les piquants. Je ne connais pas le nom de cette plante, ou peut-être mon cerveau têtu et fatigué ne veut-il pas le retenir. En tout cas c'est une drôle de plante aux dessins psychédéliques et aux couleurs plutôt bien assorties (si on vit dans les années 70 bien sûr…).


La porte du Diable
07 August 2015
En battant la campagne, en empruntant quelque petite route dans la forêt, on la trouve facilement, si l'on sait où chercher. Cette ruine curieuse, inattendue et dont l'agencement défie le sens commun. Une porte à meneau en bordure d'un bois, flanquée de deux murs et deux contreforts qui font encore leur office. Son calcaire gris-beige renvoie la lumière forte de l'été malgré les arbres et le lierre qui l'assaillent.
On cherche en vain un ensemble plus grand auquel elle aurait été intégrée. Mais rien. Au pied d'une colline un peu raide, ce n'est guère étonnant. Mais qu'est-ce que c'est ? Saint Google répond à mes prières et me nomme la belle incongrue : la porte du Diable. Ou plus prosaïquement la porte Bonnet.

On trouve tout, et surtout n'importe quoi, dans les textes écrits à propos du lieu. Diables et dames blanches, illuminés et sectes, vandales et étudiants avinés, vidéos loufoques et photos sous toutes les coutures. Je reviendrai peut être un jour de brume faire quelques clichés d'ambiance plus douceâtre. En attendant je me suis assis près de cette porte et j'ai écouté le silence du paradis et le chant des oiseaux dans la forêt…
On cherche en vain un ensemble plus grand auquel elle aurait été intégrée. Mais rien. Au pied d'une colline un peu raide, ce n'est guère étonnant. Mais qu'est-ce que c'est ? Saint Google répond à mes prières et me nomme la belle incongrue : la porte du Diable. Ou plus prosaïquement la porte Bonnet.

On trouve tout, et surtout n'importe quoi, dans les textes écrits à propos du lieu. Diables et dames blanches, illuminés et sectes, vandales et étudiants avinés, vidéos loufoques et photos sous toutes les coutures. Je reviendrai peut être un jour de brume faire quelques clichés d'ambiance plus douceâtre. En attendant je me suis assis près de cette porte et j'ai écouté le silence du paradis et le chant des oiseaux dans la forêt…
Le temps de la méditation
06 May 2015
La Sagrada Família n'a pas bougé, mais elle a changé. Je ne le vois pas vraiment, mais je le sais. Y entrer, c'est entendre les premières mesures de l'allegretto de la 7e symphonie de Beethoven. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est à ça que j'ai pensé. Un trait de lumière descend et se perd dans la forêt des colonnes, comme ce chant délicat et fragile sur la mer doucement agitée des basses. Et là haut règnent l'ordre et silence.

Le temps du calme et de la méditation viendra, malgré les flots de touristes qui passent, photographient au flash à tout va, chuchotent et cherchent frénétiquement la suite de leur programme. Nous, nous restons assis, le regard perdu, les yeux emplis de lumière et de couleur. Il faudra revenir. Encore.


Le temps du calme et de la méditation viendra, malgré les flots de touristes qui passent, photographient au flash à tout va, chuchotent et cherchent frénétiquement la suite de leur programme. Nous, nous restons assis, le regard perdu, les yeux emplis de lumière et de couleur. Il faudra revenir. Encore.

Entre mer et palmiers
05 May 2015
Le bronzage a marqué les rides au coin de mes yeux brûlés par le soleil. Toujours la tête levée, je marche. Jusqu'à la mer. Calme, fraiche et infiniment bleu-vert. Infestée de marchands ambulants, bordée d'une plage de sable humide et doublée d'une marina aux bateaux impressionnants, elle garde le charme mystérieux de Barcelone, que le vent éparpille au large dans un souffle moqueur.

Plus haut, en retrait, le parc Güell domine la ville et offre un panorama incroyable sur les monuments de Barcelone, sur cette architecture follement créative et bouillonnante, sur les collines de Montjuïc et le téléphérique urbain, sur le port olympique et la mer qui miroite. Calme et volupté, verdure et luxuriance : le souffle de la mer et l'ombre des palmiers nous laissent profiter doucement du chant des oiseaux.


Plus haut, en retrait, le parc Güell domine la ville et offre un panorama incroyable sur les monuments de Barcelone, sur cette architecture follement créative et bouillonnante, sur les collines de Montjuïc et le téléphérique urbain, sur le port olympique et la mer qui miroite. Calme et volupté, verdure et luxuriance : le souffle de la mer et l'ombre des palmiers nous laissent profiter doucement du chant des oiseaux.

Les rues de Barcelone
04 May 2015
J'ai remarqué un phénomène curieux depuis plusieurs années. Au mois d'avril je ne fais quasiment aucune photo. Je ne sais pas pourquoi. J'ai cherché en vain quelque chose à publier — mais non, rien. Rien d'intéressant l'an dernier non plus à la même période. Ni l'année d'avant ou celle encore d'avant. Bizarre.
En mai ça va mieux. En tout cas en mai cette année : c'est le grand retour à Barcelone, en touriste. J'arpente les rues inlassablement avec ma petite famille, toute la journée et une partie de la nuit. Je ne sens plus mes pieds, j'ai mal au cou tellement je passe de temps le nez en l'air, dans ces rues fantastiques, étroites, aux mille façades ornées de mille détails, un peu semblables, un peu différentes.

Au-delà des fameuses ramblas, il y a tellement à voir dans la Ciutat Vella — au milieu du Barrio Gótico dans le silence surprenant d'El Call, ou au long des ruelles populaires d'El Born ou d'El Raval. Partout des murs colorés, le linge aux fenêtres, les gens bienveillants, les marchands de toutes origines, les pavés brulants arrosés le matin, les boutiques improbables et les innombrables balcons aux grilles noires.

Non pas que tout soit d'une propreté irréprochable ou que chaque instant soit peint comme un tableau naïf, mais simplement on sent la vie trépidante et tranquille d'une ville immense au centre encore préservé, à la fois populaire et artistique, riche et simple, ancien et si moderne…
En mai ça va mieux. En tout cas en mai cette année : c'est le grand retour à Barcelone, en touriste. J'arpente les rues inlassablement avec ma petite famille, toute la journée et une partie de la nuit. Je ne sens plus mes pieds, j'ai mal au cou tellement je passe de temps le nez en l'air, dans ces rues fantastiques, étroites, aux mille façades ornées de mille détails, un peu semblables, un peu différentes.

Au-delà des fameuses ramblas, il y a tellement à voir dans la Ciutat Vella — au milieu du Barrio Gótico dans le silence surprenant d'El Call, ou au long des ruelles populaires d'El Born ou d'El Raval. Partout des murs colorés, le linge aux fenêtres, les gens bienveillants, les marchands de toutes origines, les pavés brulants arrosés le matin, les boutiques improbables et les innombrables balcons aux grilles noires.

Non pas que tout soit d'une propreté irréprochable ou que chaque instant soit peint comme un tableau naïf, mais simplement on sent la vie trépidante et tranquille d'une ville immense au centre encore préservé, à la fois populaire et artistique, riche et simple, ancien et si moderne…
Rivé au plafond
03 March 2015
Voyager pour mon travail, c'est toujours un moment que j'aime, un mélange qui picote. Pile et face. Un plat sucré-salé. Ce début d'année a été marqué par un moment très attendu : un voyage d'affaires à Barcelone. Quelques jours, beaucoup de travail, pas beaucoup de tourisme, mais je suis quand même parti enthousiaste. Je ne déroulerai pas tout mon carnet de voyage, mais juste une image d'un instant étrange et intense. Un passage furtif dans la mythique Sagrada Família.
Les couleurs incroyablement soutenues et lumineuses étaient magnifiées par un soleil couchant flamboyant qui a mis à rude épreuve ma mesure de lumière, mais qu'importe. Les yeux s'en souviennent, eux. La lumière chaude du côté ouest, les colonnes élancées, et ce plafond lointain, au dessin étrange, découpé, haché, presque fractal.

Alors je suis resté un moment le nez en l'air, assis, profitant du clame relatif de l'instant — de cette perspective insondable, de cette pierre inattendue. J'y retourne bientôt. Je vais me remplir les yeux de cette ville entr'aperçue, qui m'a semblé si belle. Rendez-vous est pris pour d'autres photos, d'autres merveilles.
Les couleurs incroyablement soutenues et lumineuses étaient magnifiées par un soleil couchant flamboyant qui a mis à rude épreuve ma mesure de lumière, mais qu'importe. Les yeux s'en souviennent, eux. La lumière chaude du côté ouest, les colonnes élancées, et ce plafond lointain, au dessin étrange, découpé, haché, presque fractal.

Alors je suis resté un moment le nez en l'air, assis, profitant du clame relatif de l'instant — de cette perspective insondable, de cette pierre inattendue. J'y retourne bientôt. Je vais me remplir les yeux de cette ville entr'aperçue, qui m'a semblé si belle. Rendez-vous est pris pour d'autres photos, d'autres merveilles.
Insaisissable
22 February 2015
Plus l'appareil est simple, plus on peut aller loin. Plus on en a envie, peut-être. D'ailleurs, plus loin pourrait bien signifier plus simple. La quantité étouffante d'arguments commerciaux en faveur de la simplicité est la marque des temps de complication effrénée, c'est une évidence. La boucle est bouclée. C'est cette sensation que je continue à découvrir en trimballant mon Df.
Je fais de moins en moins d'efforts en photo, ce qui se traduit la plupart du temps par des photos d'une platitude sans nom. Mais quelques-unes, parfois, ouvrent la porte sur un monde de rêverie et me font signe qu'il y a quelque chose de plus à aller chercher. Et ce quelque chose pourrait bien être atteint plus facilement en laissant de côté les automatismes de l'appareil — comme on laisse alors de côté les automatismes de la personne.

Reste à aller chercher ce quelque chose, à faire un effort pour le sortir. Faire un pas de côté, comme dirait quelqu'un que j'aime bien. Aller chercher le concept, la nature, l'insaisissable. Je devrais mettre plus d'imagination là où je veux montrer ce que je vois. Paradoxe de la photographie ? Soit ! On dit toujours que le matériel ne fait pas le photographe : c'est vrai, mais il l'influence, c'est sûr.
Je fais de moins en moins d'efforts en photo, ce qui se traduit la plupart du temps par des photos d'une platitude sans nom. Mais quelques-unes, parfois, ouvrent la porte sur un monde de rêverie et me font signe qu'il y a quelque chose de plus à aller chercher. Et ce quelque chose pourrait bien être atteint plus facilement en laissant de côté les automatismes de l'appareil — comme on laisse alors de côté les automatismes de la personne.

Reste à aller chercher ce quelque chose, à faire un effort pour le sortir. Faire un pas de côté, comme dirait quelqu'un que j'aime bien. Aller chercher le concept, la nature, l'insaisissable. Je devrais mettre plus d'imagination là où je veux montrer ce que je vois. Paradoxe de la photographie ? Soit ! On dit toujours que le matériel ne fait pas le photographe : c'est vrai, mais il l'influence, c'est sûr.
De la pluie pour fêter ça
15 February 2015
Il était temps, après des années de (très) bons et loyaux services, de changer mon fantastique D700. Mais la recherche du nouveau boitier idéal, quête pourtant futile s'il en est, n'a pas été une mince affaire. Entre les boitiers superlatifs qui n'ont rien de photographique à proposer à part du pixel surnuméraire, les boitiers plus modestes et franchement fades, ou les boitiers dont la seule marque vaut le prix d'une voiture : que d'ennui. D'un autre côté, quelques petites sucreries avec de nouveaux hybrides ou un fameux boitier non-reflex mais plein format.
Et au dernier moment, alors que j'allais laisser tomber : le coup de foudre. Le Nikon Df, comme une évidence. À part le prix, bon sang ! Mais qu'est-ce qu'ils ont tous avec le syndrome Apple ?
J'ai fini par dégoter le bon plan ultime. La bataille a été courte et rageuse. Et je l'ai eu. Ça tombait bien, juste avant un petit weekend à arpenter le Jura. Weekend photo ? Que nenni : weekend pluie ! Et au final seulement quelques photos presque à la sauvette, entre deux nuages. Sur le chemin du retour en fait, au moment où l'on commençait à entrevoir quelques nuances de bleu dans le ciel à la place du gris morne.

Au bout du compte, en plus du plaisir familial, le plaisir photo quand même. Un appareil qui incite au calme, qui renoue avec l'essentiel. Pourtant pas si facile à maitriser : capteur fantastique mais exigeant, nouveaux contrôles à intégrer, poids plume pour une prise en main inattendue et… viseur catastrophique (je démonterais bien mon D700 pour une greffe, mais bon, il a droit à une meilleure seconde vie…).

Finalement, une acquisition qui remet un peu d'envie dans le quotidien photo, un boitier qui va sans doute se découvrir petit à petit, discret, capable de beaucoup de nuance et de détail, avec des tonalités très riches et une plage dynamique époustouflante…
Et au dernier moment, alors que j'allais laisser tomber : le coup de foudre. Le Nikon Df, comme une évidence. À part le prix, bon sang ! Mais qu'est-ce qu'ils ont tous avec le syndrome Apple ?
J'ai fini par dégoter le bon plan ultime. La bataille a été courte et rageuse. Et je l'ai eu. Ça tombait bien, juste avant un petit weekend à arpenter le Jura. Weekend photo ? Que nenni : weekend pluie ! Et au final seulement quelques photos presque à la sauvette, entre deux nuages. Sur le chemin du retour en fait, au moment où l'on commençait à entrevoir quelques nuances de bleu dans le ciel à la place du gris morne.

Au bout du compte, en plus du plaisir familial, le plaisir photo quand même. Un appareil qui incite au calme, qui renoue avec l'essentiel. Pourtant pas si facile à maitriser : capteur fantastique mais exigeant, nouveaux contrôles à intégrer, poids plume pour une prise en main inattendue et… viseur catastrophique (je démonterais bien mon D700 pour une greffe, mais bon, il a droit à une meilleure seconde vie…).

Finalement, une acquisition qui remet un peu d'envie dans le quotidien photo, un boitier qui va sans doute se découvrir petit à petit, discret, capable de beaucoup de nuance et de détail, avec des tonalités très riches et une plage dynamique époustouflante…