Dijon

Super(ex)positions

L'exposition se termine, les Super(ex)positions quittent la lumière et vont rejoindre, pour certaines, l'intérieur chaleureux d'un couple raffiné, pour d'autres, une sombre pochette qui les mettra à l'abri des regards et des dégâts du temps en attendant — peut-être — d'être de nouveau convoquées.

Certaines ont déjà été publiées ici, mais c'est l'occasion de les présenter toutes et de revenir sur leur fil conducteur — cette idée d'un réel partagé dont la représentation montre autant l'espace commun (à commencer par celui de l'image) que les divergences d'esprit entre les deux voyeurs associés.

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Le Coeur léger est toute en simplicité. Comme le souvenir d'un moment anonyme et enfui. Une énamoration ancienne où le mariage des textures habille une marque du passé, l'idée d'un élan dans la mémoire, un entre-deux-eaux amoureux.

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Avec un mouvement plus dynamique, À Contre-courant a des accents oniriques puissants, entre les ramures hallucinées de l'inconscient et les réminiscences de détails obsédants. Des pavés, une touffe d'herbe, une montre, un homme sans visage qui avance résolument vers l'arrière : dans un espace minéral et statique, les éléments de vie donnent l'illusion d'un temps maitrisé par un pouvoir de remémoration perpétuelle — pouvoir de franchir, encore et encore, une eau qui pourtant n'est jamais deux fois la même.

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Sans tambours ni trompettes, Le Miroir aux esperluettes est d'un abord plus direct, plus facile aussi. C'est un clin d'oeil aux scènes de rues anonymes, une vision bonhomme d'une enfance insouciante, sur fond de parc arboré, de grilles monumentales et d'espaces mesurés.

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Texturé et structuré, Sous l'Horizon, la plage se cherche autour d'un équilibre en perpétuelle question. Dans en environnement graphique et décalé, qui suggère le mouvement maitrisé d'une ville faussement dynamique, un homme est assis, sans passé et sans futur, coincé entre nos deux visions comme s'il était ni de l'une ni de l'autre. C'est bien la place de l'humain dans l'urbain qui est en question ici.

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Enfin, La Cité ambiguë met une fois de plus nos sens sans dessus dessous. Dans un quartier à la fois moderne et sans âge, où le temps a passé sans vraiment laisser son empreinte, on assiste à la débâcle d'une montagne de béton qui disparait tandis qu'une autre apparaît. De souvenirs en souvenirs, les lignes de pierre se superposent et se noircissent, emprisonnant la lumière jusqu'à faire disparaitre le ciel. La vision d'un espace où l'homme ne pourrait même plus chercher sa place hante notre dernier cliché partagé.
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Une couche de vernis

Le grand soir a fini par arriver. Les mois de travail photographique, les réunions de mise en place (auxquelles, pour être honnête, j'ai très peu participé), le choix des photos, l'encadrement, l'accrochage, tout est fait. Les affiches ont été posées jusqu'au musée Niepce à Chalon-sur-Saone, les flyers envoyés ici ou là, et les médias mis à contribution autant que possible. Nous sommes huit. Nous sommes prêts.

Mon projet est terminé. Enfin… provisoirement. Nous n'avons pas pu autant travailler que nous l'aurions voulu, avec mon complice Claude. Et le principe même du projet fait que la qualité dépend aussi largement de la quantité de photos que l'on peut sortir, tant l'aléatoire et l'incontrôlable sont présents dans cette photographie à deux index. Il faudra fatalement y revenir.

Reste que le vernissage, ce soir, avait une saveur douce pour moi, qui n'avait jamais exposé encore. Une centaine de personnes sont venues voir les huit séries, dans une réception sympathique et animée.

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Les quelques retours sur place ont été très bons, et pour ma part, comme toujours, à contre-courant de ce que je pensais de mes propres images. En tout cas les présents ont largement vu et commenté les photos, ce qui était bien l'essentiel ce soir (avec le champagne, mais c'est une autre histoire).

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Alors, observateurs, vous me direz : pourquoi, exceptionnellement, utiliser ces filtres outranciers sur mes photos du vernissage ? Parce que leur quelconquitude m'ennuie, et que d'après les hipsters de mon quartier, c'est le filtre qui fait tout. Je ne sais qu'en penser…
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Exposition, expositions

Le projet ne recule pas, c'est déjà une bonne nouvelle. J'ai une première série d'images réalisées pour l'exposition Baudelaire à Dijon (qui aura finalement lieu en janvier-février 2017). Il reste encore une ou deux séances à faire pour aller un peu plus loin, faire un peu mieux, mais on a maintenant une assez bonne idée de ce que ça donnera.

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Le concept fonctionne très bien, je pense. L'idée de mélanger deux images en une seule donne vraiment cet aspect à la fois onirique, propre aux surimpressions, et philosophique, en quelque sorte, grâce à la superposition du regard de deux personnes différentes.

Le fait que l'on ne maitrise pas du tout le processus ajoute aussi de l'intérêt, même si ce n'est pas perceptible sur l'image. C'est l'appareil qui réalise la surimpression, un seul fichier image en sort et on ne le vérifie surtout pas tout de suite. Les déceptions sont donc nombreuses, mais il reste la spontanéité de l'inattendu lorsque le résultat magnifie le paysage urbain objet de nos confrontations visuelles.
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Prisme urbain

Il y a encore fort à faire avant de pouvoir sortir enfin les quelques clichés de ma future exposition collective. Depuis mai les choses ont peu avancé, mais nous savons au moins une chose : si le concept est intéressant, sa réalisation n'est pas si simple.

Seul, je peux composer mes surimpressions, peu ou prou. C'est surtout le contraste qui joue, mais je ne me suis pas beaucoup plus penché sur le processus de mélange des vues par l'appareil. À deux, nous avançons à l'aveuglette. Parfois on rate le coche, parfois une partie est très bien mais l'image est déséquilibrée.

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C'est un peu le cas de celle-ci. J'aime bien sa dynamique, les lignes, les contrastes, mais l'ensemble est instable. Ça reste une de mes préférées quand même.

On continue l'exploration urbaine, avec pour terrain de jeu le quartier Baudelaire, en hommage au centre qui nous accueille. De son côté, Claude travaille une très belle série sur un concept qu'il avait amorcé plus tôt, avec des mosaïques de détails qui forgent une image de la ville comme un motif de Kanizsa…
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Trouble et double

Encore une nouvelle d'importance dans mon petit univers photo. Je n'en ai pas parlé avant de savoir quelle tournure cela prendrait, mais il y a quelques mois Pascal Reydet m'a proposé de participer à une exposition photographique collective. Flatté, je suis.

Mais le plaisir de l'ego ne dure qu'un instant. Puis viennent les questions, les doutes, la perplexité, l'angoisse de la pellicule noire (oui, c'est l'angoisse de la page blanche mais pour les photographes…).

Bref, que faire ? Accepter, bien sûr, et ne pas bouder son plaisir. Et que présenter ? Sachant que je n'ai pas produit grand chose de fantastique depuis des mois (voire depuis le début, oui, mauvaises langues !).

J'ai choisi le concept des surimpressions que je mûris depuis quelques temps. Mais je vais aller plus loin et travailler à deux index et quatre yeux. Premiers essais cet après-midi, dans le calme, avec mon complice Claude. En voici un petit extrait qui m'a bien plu.

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Le concept est simple : au lieu de faire mes surimpressions seul, nous alternons les prises de vues au fil de notre balade. Les photos se mélangent dans l'appareil sans que nous puissions avoir la main sur le processus. On obtient ainsi une vue un peu cubiste de notre exploration : des moments différents, des regards différentes, mais des images qui tracent, une par une, deux regards siamois.

J'ai hâte de ressortir travailler tout ça ! L'exposition est prévue au centre culturel Baudelaire, à Dijon, probablement à l'automne prochain. Stay tuned, qu'ils disent…
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Grande ouverture

La Trinité, en quelque sorte ! La grande nouvelle du jour, c'est l'arrivée d'un troisième objectif dans ma besace photographile : le Voigtländer Nokton 58 mm f/1.4 qui vient compléter le 20 mm et le 40 mm. Il y a bien quelques autres pièces dans mes affaires, mais ce sont ces trois là que je vise depuis des mois et que je compte bien emmener partout avec moi.

Je n'ai pas attendu pour aller le tester dans mon quartier de lignes préféré, et j'en suis revenu avec des pièces inattendues — pas très élaborées, mais en tout cas différentes de mes habitudes. Beaucoup de détails, de petits motifs, de lignes droites plutôt que fuyantes. Le regard change quand la focale varie.

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Pour sauver la face, ou revenir sur mon territoire habituel, j'ai quand même un ou deux clichés qui rappellent d'autres prises de vues plus abstraites. Notamment cette vue de l'auditorium, un angle dont je ne me lasse pas et que j'ai repris plusieurs fois avec des rendus — et des succès — différents :

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Quoiqu'il en soit, on sent toujours autant la "patte" de la marque Voigtländer sur mon nouvel arrivant, avec sa construction solide et son toucher si souple dans la mise au point. Profondeur de champ minimale à pleine ouverture, bien sûr, et déjà du piqué.

Pour le moment je suis encore un peu timide, mais un jour — un jour ! — je partirai faire du portait tout simple avec ce caillou tout doux. Ou l'inverse.
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Point de rencontre

Toujours ensorcelé par la vie vue dans les grandes largeurs, je sors, je sors encore, je regarde dans mon viseur et je vois fuir les lignes à tire d'aile. La moisson du jour me donnerait presque le vertige tant j'ai levé le nez pour regarder au fond d'abimes fuyant vers une singularité invisible.

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De temps en temps pourtant c'est le feu d'artifice et enfin on touche au but, comme dans cet enchevêtrement de fils tel qu'on n'en voit plus très souvent en ville, où les lignes sont plutôt enterrées ou collées aux murs.

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Un bon moment, une belle sortie, un peu de photo, point de rencontre.
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Plus grand que la vie

Sous la pluie, le bonheur. Celui de sortir avec mon boitier et… un nouvel objectif. Enfin ! Depuis presque un an que je le cherchais, j'ai fini par mettre la main sur un Voigtländer 20mm f/3.5 tout beau, tout neuf ! J'ai profité du weekend pour faire un tour en ville, et bien sûr je suis passé par mon quartier de test préféré.

J'ai bien un autre grand angulaire magnifique (le Nikon 24mm f/1.4, la huitième merveille du monde), mais comme il est un poil encombrant et que je sors de plus en plus légèrement équipé, j'avais perdu l'habitude de voir le monde en long et en large.

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J'ai donc redécouvert la complexité du cadrage avec un grand-angle. Bon sang, il en rentre dans le viseur ! Difficile de faire un choix, il faut sacrément bouger pour cadrer correctement : voilà qui promet de longs mois de travail avant d'être un peu mieux apprivoisé.

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Bref, un objectif formidable, compact et très bien construit, doux et précis dans la mise au point. Alors oui, les pixelomanes lui reprocheront des douceurs dans les coins et des franges un peu trop punk. Mais la vérité est ailleurs — n'écoutons pas les aigris et ne boudons pas notre plaisir !
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Sous les nuages, la plage

Je ne suis pas très sûr de l'intérêt de ce titre, mais je voulais juste partager cette photo du dimanche. Et puis j'adore photographier les immeubles et les nuages, c'était vraiment le bon moment pour ça. Une journée de pluie acariâtre mêlée d'éclaircies ombrageuses. Et entre les gouttes, quelques photos de ces bâtiments arrogants et superbes qui voudraient monter à l'assaut des cieux courroucés.

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Les entre-lieux

Ça y est, enfin, je l'ai ! Quoi ? Mais l'objectif dont je rêve depuis des mois. Le passage du zoom aux focales fixes a été un bonheur, je saute maintenant le pas de l'autofocus à l'objectif manuel. Alors, place au Voigtländer Ultron 40 mm f/2. Manuel, discret, magnifiquement construit.

Pour fêter ça, bien sûr, je suis sorti faire quelques photos. Et c'est curieux : au lieu de me jeter sur mes sujets de prédilection, j'ai bloqué sur quelque chose que je n'avais pas vraiment regardé avant. Des espaces urbains déserts, jamais vraiment inutiles, mais pas vraiment utilisés. Des espèces d'entre-lieux, coincés parmi des lieux plus utiles, plus visibles.

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Les connaissez-vous, ces entre-lieux ? Ils nous aspirent et nous rejettent en même temps, ils sont vides mais pleins de cicatrices du passé et du futur, ils sont silencieux et bruissent de mille feuilles mortes, à la fois ternes et vulgairement colorés, éternellement présents et jamais vraiment vus. Je me suis promis de faire une série là-dessus un jour. Evidemment, il faudra être sacrément inspiré !

Heureusement, j'ai aussi retrouvé, non loin de là, les lignes rassurantes et les brillances étranges de mes architectures favorites…

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